mercredi 25 janvier 2017

La passe-miroir: les fiancés de l'hiver (Tome 1)

Résumé de la BD


« Sous son écharpe élimée et ses lunettes de myope, Ophélie cache des dons singuliers : elle peut lire le passé des objets et traverser les miroirs. Elle vit paisiblement sur l'arche d'Anima quand on la fiance à Thorn, du puissant clan des Dragons. La jeune fille doit quitter sa famille et le suivre à la Citacielle, capitale flottante du Pôle. À quelle fin a-t-elle été choisie ? Pourquoi doit-elle dissimuler sa véritable identité ? Sans le savoir, Ophélie devient le jouet d'un complot mortel. Une héroïne inoubliable, un univers riche et foisonnant, une intrigue implacable. Découvrez le premier livre d'une grande saga fantastique et le talent d'un nouvel auteur à l'imaginaire saisissant ».

Mon avis

8/10

Depuis quelques temps, je suis pas mal de youtubeurs orientés littérature/lecture (ou Booktubeurs, si tu es hype). J'aime beaucoup même si la plupart sont très orientés littérature jeunesse. Enfait j'aime bien la littérature jeunesse mais j'ai toujours un peu peur que ce soit "trop" jeunesse, tu vois?
Si tu suis quelques-unes de ces chaines, tu as probablement donc du entendre parler de Christelle Dabos et de "La passe-miroir".
Moi ce qui me plaisait beaucoup c'était quand même la couverture. Parce que ça pète quand même comme illustration de couverture.
Ce qui me plaisait moins c'était la taille du machin, son prix, et le fait qu'il ne soit pas encore à la bibliothèque municipale (oui parce que ça compte quand même un peu si tu n'as pas la certitude d'aimer la chose).

Donc quand je suis tombée sur une version poche à la fnac par hasard, j'ai tenté.

Alors tout de suite, je précise que pour moi, ce livre n'a rien de commun avec Harry Potter et compagnie. Je sais que dès qu'un livre "jeunesse" fait un peu d'émois, on ne peut s'empêcher de l'estampiller à tord et à travers du "le prochain Harry Potter", mais ça n'a vraiment rien à voir si ce n'est que c'est un roman jeunesse dans un univers fantastique. C'est tout.

Il est incontestable que Christelle Dabos a ici travaillé à rendre son univers riche de détails et de désuétude, et ce dans le bon sens du terme. Néanmoins il s'agit d'un premier tome, et il est difficile de se représenter cet univers et cette richesse dans son ensemble comme on pourrait le faire pour des séries déjà terminées. J'attends donc avec impatience la suite afin de confirmer l'intérêt d'Anima (à mes yeux quoi). Cependant l'histoire est bien partie. On suit Ophélie, qui ne comprend pas trop où elle est tombée, et comme elle on découvre la Citacielle petit à petit.

Ce sont les personnages qui marquent le plus. On dirait que l'autrice à tenter de faire le contre-pieds avec tout ce qu'on voit ces dernières années. Je suis presque sure que ce n'est pas délibéré, mais c'est l'impression qui en ressort. L’héroïne est une maladroite, indécise et timide (introvertie?), qui cache un caractère bien plus affirmé qu'on ne le pensait au début. Mais jamais son personnage n'est travesti pour le bien de l'histoire en une Bella/Anna/Katniss/Tris (bref en une Mary Sue quoi). Thorn est loin d'être le fiancé rêvé ou cet homme prétentieux et ténébreux, mais tellement craquant qu'on ne peut pas s'en empêcher ahum. Thorn est juste détestable, froid, prétentieux et très peu intéressé de plaire à autrui. Les autres personnages ne sont pas en reste, avec la tante Berenilde absolument détestable mais pas tant que ça, l'ambassadeur détestable mais pas tant que ça non plus, et le Chevalier détestable mais enfin pourquoi??! Ce qui est intéressant donc c'est que ces personnages semblent cacher des profondeurs et des complexités, qu'on découvrira probablement dans les prochains tomes. C'est très agréable de ne jamais avoir ce sentiment de personnage monolithique et c'est rare de trouver un roman où aucun personnage n'est en reste.
J'ai donc un sentiment très positif à la sortie de cette lecture. Certes pas aussi dithyrambique peut être que certains, mais néanmoins très prometteur. 

PS: j'ai des soucis de police sur le blog, je n'arrive pas à mettre ce que je veux et ça m'énerve.

samedi 23 janvier 2016

Les équinoxes

Résumé de la BD


« Tenter de capter, malgré son évanescence, ce sentiment de solitude qui nous saisit face à la complexité du monde. Cet état d'âme qui, s'il nous isole de nos semblables, est peut-être ce qui fait de nous des humains. Outrepassant par la grâce du dessin le principe selon lequel il faut se taire sur ce dont on ne peut pas parler, Cyril Pedrosa suit les méandres de cette émotion, nous livrant un magistral récit en quatre tableaux. Quatre tableaux, pour quatre saisons et autant de personnages en quête de leur destinée, à travers l'espace et à travers le temps.

Autour de lieux, à l'occasion de luttes, ces êtres sans attaches vont croiser d'autres solitudes et tisser les uns avec les autres le fil ténu d'une conscience happée par l'inconnu et tourmentée par l'énigme du sens de la vie. »

Mon avis


6/10

Cyril Pedrosa est le premier auteur qui m'a donné envie de faire de la BD avec son onirique "Trois ombres" (quand on voit où j'en suis on se pose des questions). Ses dessins, bruts dans leur lignes et inventifs dans leur traitement, sont dynamiques et hypnotisants. Et ceci est d'autant plus vrai dans "Les équinoxes", où Cyril Pedrosa ose et va là où il n'est jamais allé graphiquement. Chaque planche est un régal, les changement de style entre partie, parfois déconcertant, sublime l'histoire et les saisons.


Le traitement des couleurs est original et ultra maitrisé Je trouve que c'est vraiment un dessin qui ne ressemble à celui de personne d'autre, comme si Pedrosa avait réussi à y mettre son identité propre (je me comprends). Il n'hésite d'ailleurs pas à bouleverser les codes établis et sublime ainsi la vérité et les émotions.




Pourtant, je ne partage pas vraiment l'enthousiasme sur cette dernière BD. Evidemment chaque histoire croisée est l'occasion d'interroger la vie et est racontée avec sensibilité. Néanmoins, il y a probablement trop de personnages et d'histoires différentes que pour m'impliquer émotionnellement. J'ai l'impression que finalement le contenu est assez anecdotique, comme les personnages, qu'il n'y a pas de réelle interrogation, juste des tranches de vie. Les textes ajoutés me semblent dispensables. On cherche à émouvoir sur la vie jusqu'à l'étouffement. Ca ne fonctionne pas pour moi.


 

samedi 5 septembre 2015

Cinquante nuances de Grey





http://www.amazon.fr/Cinquante-nuances-Grey-E-James/dp/2709642522


Cet article a été publié originellement sur senscritique. En voici la nouvelle version, éditée spécialement pour ce blog. Et oui.


Résumé:

Lorsqu'Anastasia est envoyée par sa meilleure amie pour interviewer Christian Grey, elle découvre un homme attirant, énigmatique et intimidant.


Mon avis:


1/10

Bon. L’enthousiaste (principalement féminin) pour cette série est terrifiante. Les critiques et les moqueries aussi. Du coup, je me suis dit pourquoi pas? Du reste, je préfère lire et regarder par moi-même plutôt que de me baser sur les avis de tierce personne. En plus, j'apprécie une bonne romance et une bonne petite scène érotique de temps en temps. Je m'imaginais (naivement) qu'au pire j'allais bien rire.
Et du coup, vous pouvez imaginer quelle a été ma surprise quand j'ai compris de quoi parlait vraiment ces livres. Vous pouvez aussi imaginer assez finalement le dégout constant que j'éprouve à écouter des gens dire du bien de ce bouquin.
Explication

On pourrait parler en long et en large de la qualité littéraire de ce livre dont l'histoire tient sur un ticket de caisse, de la psychologie des personnages qui tient elle sur un emballage de carambar ou encore de la soi-disant psychanalyse à la Freud de comptoir de bas étage. N'essayons même pas de répondre aux débiles mentaux qui trouvent le style moderne lorsque la seule innovation du roman est l'utilisation outrancière, extrêmement redondante et inutile d'un répertoire réduit d'injures (putain).


 
 Mais au delà de tous ces défauts (qui combinés sont impardonnables pour un livre qui a réussi à être publié, quand on pense aux merveilleux romans qui n'arriveront jamais jusque là), il y un message sous-jacent complètement terrifiant, qu’il me semble impératif que les gens comprennent correctement et n’assimile pas comme un comportement/une situation normale. S’il vous plait.

En résumé, les deux grands messages de ce livre sont donc:

1) Si tu aimes faire mal à quelqu’un dans un cadre de relation BDSM, c’est que tu as du subir quelque chose de traumatisant, genre un viol, une enfance difficile etc, qu’en gros c’est une pratique de pervers et/ou de traumatisé. Au dela de ce message complètement tordu, l'hypocrisie du roman est de nous dire "venez vous aller découvrir des nouveaux horizons sexuels (le BDSM)" tout en sous-entendant que "c'est mal et anormal", et sans jamais montrer les vrais aspects de ce genre de relation (communication, consentement, discussion entre les partenaires sur le scénario, etc etc). Vous pensez que vous allez découvrir le BDSM, peut-être trouver une réponse à votre interrogation principale (pourquoi cette pratique plait? Où ces gens trouvent-ils du plaisir dans la douleur?). Au lieu de ça on vous sert les stéréotypes les plus stigmatisés sur le sujet, sans une once de bon sens ou de renseignement. 

Autre hypocrisie, mais d'Ana cette fois: c'est mal, son éthique personnelle en prend un coup, elle trouve ça franchement tordu, mais elle prend son pieds; et jamais elle ne se repositionne (sauf en fin de troisième tome) par rapport à ça, en se disant "si j'aime ça, c'est peut-être parce que ce n'est pas si "mal".
Quelques témoignages de pratiquants et leur avis sur 50 shades (of shit)

En réalité, le rapport entre dominant/dominé n'a rien à voir avec celui décrit dans 50 shades, qui est ici un rapport de force constant. Dans une relation BDSM consentante et saine est confinée à un moment et un lieu décidé par les deux intervenants. Le dominant ne doit pas se comporter comme tel une fois le rapport terminé, car évidemment on arriverait rapidement à des abus et des excès et un brouillage de carte (est ce encore un jeu? est la réalité?) comme Ana le ressent (peur panique de la réaction de Christian lorsqu'elle fait quelque chose qu'elle sent ne va pas lui plaire). Et c'est là un gros problème du roman: se cacher derrière une pratique pour justifier les abus de Christian envers Ana.
Rappelons le aussi, Ana n'a JAMAIS signé le contrat de départ, elle ne prend aucune décision sur les rapports.. On pourrait dire que la démarche de Christian de lui proposer ce contrat est déplacée, mais au moins à ce stade il est complètement transparent et honnête avec elle. Bien sur ce n'est certainement pas la méthode que les pratiquants de BDSM favoriseraient pour entamer une relation BDSM.
Par rapport à tout ça n'oublions pas: le sexe n’est pas honteux, qu’on le pratique ou pas, ce n’est pas honteux tant qu’il y a consentement des différents partis (consentement en gras, italique, souligné!).
Ce qui n’est pas le cas dans ce livre (pour le consentement: Grey ne respecte pas les safewords, il n’arrête pas quand elle dit qu’elle ne se sent pas prête, ou quand elle dit carrément non, il est manipulateur, jaloux, controlant, voire menacant. Pire il la suit, traque son gsm. Un stalker en puissance). Honnêtement certains passages sont terrifiants. Morceaux choisis:


"Chris, Ana!" He bangs his fist on the table, making me jump, and stands so abruptly he almost knocks the dining chair over. "You have one thing, one thing to remember. Shit! I don't fucking believe it. How could you be so stupid"

"No, please. I can't do this, not now. I need some time. Please." "Oh Ana, don't overthink this."

"No," I protest, trying to kick him off. He stops. "if you struggle, I'll tie your feet too. If you make a noise, Anastasia, I will gag you."

"Alaska is very cold and no place to run. I would find you. I can track you cell phone- remember?"

"So you felt demeaned, debased abused and assaulted- How very Tess Durbeyfield of you. I believe it was you who decided on the debasement if I remember correctly. Do you really feel like this or do you think you ought feel like this? Two very different things. If that is how you feel, do you think you could just try and embrace these feelings, deal with them, for me? That's what a submissive would do."



-> Une petite vidéo sur le consentement et la sexualité positive


2) Si tu es assez patiente, gentille, soumise et que tu lui montres fort que tu l'aimes, tu arriveras probablement à guérir ton amant de son addiction au sexe violent, parce que oui le BDSM, même si ça fait mouiller à foison ta culotte virginale, c’est mal. Et donc oui par extension, tu accepteras sagement de te faire stalker, suivre, menacer, être insultée, achetée (par des livres couteux, un ordinateur, une voiture…). Évidemment par extension tu changeras ton apparence pour le gout de Mr, tu le laisseras s’immiscer dans tes décisions, tes relations avec tes proches et tu accepteras son besoin de contrôle permanent. Bref tu te conformeras à ses envies, ses désirs, ses demandes, ses besoins; sans jamais au grand jamais lui en parler; parce qu'après tout, il a besoin de quelqu'un qui l'aime et qui le guérisse et pas quelqu'un qui veuille communiquer avec lui. Tout le monde sait que communiquer, parler, ça n'a vraiment aucune utilité dans un couple (je reviens, je vais vomir deux minutes).


Enfait ça ressemble vachement à une relation abusive, voire clairement à de la violence conjugale.



Quelques autres messages que j’ai trouvé choquants (sexiste, réducteur et rétrograde; barrez la/les mention(s) inutile(s)) par ce que ça implique (et mets de la pression indirectement dans notre société):

-Si à 21 ans, tu n’as pas perdue ta petite fleur, c’est qu’il y a un problème. Je cite le livre: “I knew you were inexperienced, but a virgin! I just don’t understand, you’re 21, nearly 22. We’re going to rectify the situation right now.” Vive l’image à donner aux jeunes. L’age du premier rapport sexuel ne devrait pas être quelque chose de complexant ou d’humiliant. Ne pas avoir de rapport du tout ne devrait pas être « une situation à remédier ».

-Si tu n’as pas trois orgasmes lors du premier rapport sexuel, t’es bizarre sérieux. Comment voulez vous qu’une jeune fille se sente lors de son premier rapport si TOUT lui dit dans notre culture qu’elle doit aimer ça direct et mouiller à torrent. Et l’homme comment doit-il se sentir la dedans ? Pression de réussir à donner du plaisir à sa partenaire, à ne pas lui faire mal ; et comme évidemment ça ne marche pas, la honte et le mal-être de ne pas réussir à faire ce qu’on attend de lui. Pourquoi ne considère-t-on pas simplement la première fois comme une première fois, et qu’on en profite pour passer un moment d’intimité et de rire avec son/sa partenaire sur le moment ?
-> quelques vidéos informatives et positives sur la première fois, la virginité et ce genre de sujets.


-Les filles sont des êtres superficielles. Si tu es beau et riche, tu peux faire ce que tu veux: elles s'en foutent les filles, tu es riche/beau. Et les hommes sont des êtres superficiels. Si tu les fais bander, c'est bon c'est dans la poche. Non attends, machouille toi un peu plus la lèvre pour voir? C'est un peu l'esprit du roman. 

-Si tu utilises ton cerveau, comme la meilleure amie de Ana, et que tu trouves qu'il y a quelque chose qui cloche dans cette relation; c'est d'office que tu es une hystérique et une emmerdeuse. Parce que c'est clair que PERSONNE n'a envie d'une fille qui réfléchit, n'est ce pas. Vite un verre de vin. 

Je pourrais développer chaque point pendant des heures entières, mais je m’arrête là, je vous ai mis des vidéos qui en mon sens résume ma pensée et font un peu d’éducation sexuelle, parce que vu l’engouement pour un livre pareil, je pense qu’il est temps que les gens s’éduquent et apprennent à penser par eux même.

Je ne reproche à personne de trouver ce livre détendant/agréable etc. Ce que je reproche dans cet engouement, c'est le manque de discernement et de critique. Il y a une différence entre apprécier un livre pour la détente qu'il propose et/ou l'apprécier pour ses qualités littéraires (sujet, style etc). On peut apprécier un livre/série/film et réaliser que c'est quand même de la daube sur certains aspects (parce que lire dans une critique positive que le personnage de Christian est profond et bien construit, c'est vraiment manquer de discernement; entendre une fille de mon age, pas une ado, mais une jeune femme quoi, affirmer que toutes les filles rêvent de trouver leur "Christian", c'est complètement TERRIFIANT! Meuf t'as bientôt 25 ans et tu te rends même pas compte de l'implication de ce que tu viens de dire (fantasmer sur christian, oui pourquoi pas, c'est ton problème, c'est un fantasme; mais croire sincèrement que tu ais envie de vivre ce genre de relation tordue... c'est flippant/terrifiant/j'ai même pas les mots)).
Je n'ai pas non plus la science infuse, et je peux évidemment me tromper; j'accepte la critique et le débat (même si j'ai l'air vindicative dans cette critique, désolée les amis), mais pour un livre comme ça qui utilise la pratique BDSM (et se cache derrière) pour justifier et glorifier un schéma de relation abusive... non je ne peux pas. 

Donc apprécier, mais rester lucide.